Comment est-on amené à imaginer une startup si jeune ?
Quand j’avais 13 ans, je voulais créer des sites web mais je ne trouvais pas en librairie de livres accessibles sur le sujet ou plus globalement, à destination des jeunes. C’est donc par frustration que j’ai décidé de le faire moi-même et de réécrire de la manière que moi j’aurais aimé trouver plus jeune. C’est plutôt un projet personnel qui a, par la suite, évolué en startup. Je n’avais même pas conscience que ça allait prendre une telle ampleur. Le projet est réellement né lorsque j’ai rencontré mon associé Pierre dans les années 2000 : nous avons fait évoluer le projet avec plusieurs business model jusqu’à celui d’aujourd’hui : un diplôme et un emploi à la clé mais surtout et avant tout, des cours disponibles gratuitement. En fait, j’ai toujours fait ce que je pensais être utile, je n’ai jamais cessé de le penser.
Est-ce qu’aujourd’hui vous êtes capables de mesurer votre impact sur les usagers de votre site ?
Je pourrais vous raconter un grand nombre d’histoires incroyables d’étudiants. On croule sous les anecdotes à tel point qu’elles ont cessées de l’être. On a aidé des gens dans leur recherche de travail, dans la réalisation de projet … Je rencontre régulièrement des gens qui m’arrêtent pour me dire à quel point ces cours ont changé leur vie, c’est incroyable de voir à quel point on a pu impacter la vie de gens sans le savoir, sans les connaître. Mais on ne veut pas s’arrêter là : d’ici à 2025, on veut aider 1 million de personnes à trouver un emploi. C’est certes un objectif ambitieux, mais notre indice de croissance nous pousse à croire qu’on peut y arriver !
Comment OpenClassrooms permet de répondre aux enjeux sociétaux et environnementaux de demain ?
C’est la conséquence d’avoir voulu faire quelque chose d’utile et de rester concentré en ce sens. L’entreprise grandissante, on a eu besoin de clarifier notre mission pour ne pas se disperser. Ainsi, on a défini ce qu’on est, ce qu’on fait, mais surtout ce qu’on ne fait pas. Je résumerai cette mission par « Make Education Accessible ». Est-ce que nous avons un impact sociétal ? Aujourd’hui oui, mais c’est le résultat de ce travail acharné, maintenant nous pouvons penser à améliorer notre impact environnemental. La certification Bcorp a permis de mettre en lumière nos efforts à faire en matière d’environnement. Aujourd’hui, on rembourse les frais d’électricité de nos collaborateurs s’ils ont de l’énergie verte chez eux.
Avez-vous défini des valeurs dans l’entreprise ? et comment les faîtes-vous vivre au quotidien ?
Nous en avons 4 à ce jour : : « We care » parce qu’on se soucie de l’apprenant ; « We take as it is » parce qu’on ouvre les yeux sur ce qu’il se passe autour de nous ; « We dare » parce qu’il faut oser se challenger et repousser ses limites ; et « We persist » parce qu’il faut être patient, on ne peut pas s’attendre à ce que tout marche du premier coup. Malgré les 22 ans du projet cette année, il y a encore des sujets que nous ne pouvons pas mettre en place. Nous sommes aujourd’hui réellement capables de mettre des valeurs en action parce qu’elles sont le résultat d’une réflexion collective. Avec mon associé, spontanément on en parle. Il faut donc les vivre nous-mêmes, sans mentir !
ChezŸnsect, nous avons définis 5 valeurs : explorateur, équilibre, authenticité, adaptabilité et solidarité. Y’en a-t-il une qui résonne pour vous plus que les autres ?
Authenticité, sans hésitation. C’est celle qui me parle le plus parce qu’on a fait tout un travail sur nos valeurs de marque et qu’on est arrivé aussi à authenticité. Et si je devais la définir, je dirais qu’il faut être aligné avec soi-même, être franc, être qui nous sommes vraiment. C’est une forme d’alignement entre ce que nous sommes à l’intérieur et à l’extérieur.
Selon vous, quel est le rôle et la mission de l’entrepreneur aujourd’hui ?
Chacun a le droit d’avoir sa propre définition. Je constate une émergence dans la génération qui est la mienne et les plus jeunes, d’un besoin de sens. Avant, on opposait les sociétés à but lucratif qui veulent faire des bénéfices avec les associations à but non lucratif qui œuvrent pour le bien commun. Je constate une envie dans les nouvelles générations de concilier ces deux modèles, c’est ce que nous faisons. Il faut être réaliste, pour faire des choses positives, il faut de l’argent. A mon époque, être entrepreneur n’était pas un process, aujourd’hui ça l’est. C’est réellement ce qui nous a motivé dans la création d’OpenClassrooms. On voulait pouvoir transmettre les codes parce que oui, même chez les entrepreneurs il y a des choses qui s’apprennent.