L’impact guide le quotidien de tous les Ynsecters : comment nourrir la planète tout en préservant les ressources et la biodiversité ? Des initiatives se multiplient et nous avons décidé de laisser la parole à celles et ceux qui contribuent à changer le monde, qui proposent des alternatives, qui créent durablement. Aujourd’hui, nous avons rencontré Jean Moreau, CEO de Phenix, une entreprise créée en 2014, qui a pour mission de lutter contre le gaspillage alimentaire, mais pas que ! Leur motto ? quand on jette quelque chose, c’est simplement que l’on n’a pas trouvé quoi en faire !
Quelles sont les raisons qui vous ont poussées à créer votre entreprise Phenix ?
Je voulais surtout donner du sens à mon travail. Je n’ai pas rêvé toute ma vie de créer une entreprise, c’est la quête de sens qui m’a amené à devenir entrepreneur. Et la satisfaction de porter un projet complet, avec une dimension sociale, environnementale, économique, et des solutions numériques en transverse. On y pense rarement mais à l’échelle d’une vie, nous passons l’essentiel de notre temps soit à travailler, soit à dormir. Je voulais que ce temps soit utile pour notre société, que mon travail aille dans le sens de l’intérêt commun, contribuer à « make the world a better place« .
Comment
Phenix
permet de répondre aux enjeux de demain ?
La mission de Phenix est de connecter ceux qui ont trop avec ceux qui n’ont pas assez, à travers une plateforme qui fait le lien entre les industriels et les distributeurs d’un côté, et les acteurs de l’aide alimentaire de l’autre. En faisant cela, on limite le gaspillage alimentaire et non alimentaire. En complément de cette activité, nous aidons les consommateurs français à regagner du pouvoir d’achat grâce à l’application Phenix. En utilisant l’app, ils vont pouvoir consommer responsable tout en économisant sur leur budget alimentaire, en rachetant des invendus à petits prix. C’est un impact social qui s’ajoute à l’impact écologique et dont nous sommes très fiers.
Comment progressez-vous quotidiennement ?
Je dirais qu’il faut surtout bien s’entourer. C’est essentiel : avoir les bonnes personnes pour prendre les bonnes décisions est indispensable pour réaliser le changement d’échelle. À la suite de nos différentes levées de fonds, on a pu s’entourer de talents et experts qui font la différence chacun sur leur périmètre. Investir dans les outils techs est incontournable pour une start-up comme la nôtre, mais le facteur humain reste la première considération. On améliore sans cesse nos process, on innove et on apprend les uns des autres. Ensemble, on construit une culture d’entreprise tournée vers la tech for good et l’excellence. A titre personnel, ce qui m’a le plus apporté, de très loin, c’est le mentorat et l’échange entre pairs avec au sein de réseaux d’entrepreneurs comme The Galion Project ou Tech For Good France. C’est là que j’ai le plus grandi, au contact d’entrepreneurs aguerris étant passé par les mêmes étapes quelques années plus tôt. Je recommande cet exercice à tout le monde.
Quelle place occupe l’erreur dans l’entrepreneuriat selon vous ?
L’erreur fait partie de l’entrepreneuriat car on apprend en marchant. Une start-up c’est par nature un projet innovant, donc une aventure dans laquelle on a beaucoup à apprendre. L’erreur n’est jamais grave. Ce qui est grave, c’est l’obstination dans l’erreur. Certes dans l’entrepreneuriat il faut savoir faire preuve de ténacité, mais une ténacité mesurée. Il faut savoir se remettre en question, accepter qu’on se soit trompé pour mieux rebondir. Pour moi, le bon entrepreneur c’est celui qui ne se décourage pas si facilement mais qui est capable de distinguer le moment où l’obstination l’emmène droit dans le mur. C’est à cette condition qu’on concentre les forces là où il faut.
Le COVID a durement frappé les plus défavorisés et nous voyons régulièrement des ménages ou des étudiants demander de l’aide pour se nourrir correctement, le COVID vous a-t-il impacté dans la réalisation de votre mission ?
On a vu la demande d’aide alimentaire augmenter fortement du côté des associations. Le Secours Populaire estime à 40% l’augmentation du nombre de demandeurs de l’aide alimentaire. C’est du jamais vu ! Tout cela a bien sûr renforcé le sens de notre mission. En 2020, on a fait de la croissance et on s’en estime heureux. Mais cette croissance a été revue à la baisse car, comme de nombreuses entreprises, l’impact du confinement sur notre activité s’est révélé négatif. On avait de la trésorerie grâce à nos levées de fonds successives, ce qui nous a permis de ne pas mettre en danger les emplois. Pour autant, certains recrutements ont été retardés et les cycles de ventes ont également été rallongés par la conjoncture. On boucle quand-même l’année sur une bonne note et on est optimistes pour la suite. L’impact social de notre entreprise est plus que jamais au cœur de nos préoccupations.
Chez Ynsect, nous avons définis 5 valeurs : explorateur, authenticité, adaptabilité, solidarité et équilibre. Parmi celles-ci, y’en a-t-il une qui résonne plus que les autres pour vous, et pourquoi ?
Solidarité ! C’est une évidence car notre cœur d’activité c’est le don alimentaire. On aide les 8 millions de Françaises et Français qui souffrent d’insécurité alimentaire. Et c’est aussi un axe de différenciation majeur par rapport à des acteurs comparables, qui ne seraient que sur la dimension application et pouvoir d’achat. Chez nous l’appli est la partie émergée de l’iceberg, et le gros de l’impact se fait via le don aux plus fragiles. On est très fiers de la complémentarité de ces deux solutions !
Quel est le prochain challenge que vous souhaitez relever ?
Phenix est en pleine internationalisation. On est déjà présents au Portugal, en Espagne, et plus récemment en Italie et en Belgique. Le prochain challenge, c’est le passage chez nous d’une culture très française à une culture tech for good et internationale. Le gaspillage n’a pas de frontières, Phenix non plus, en route vers la première licorne de l’impact au niveau européen !